L’immobilier résiste en prenant de la hauteur

Actualités - 13 févr. 2024

On pourrait aussi écrire, en filant la métaphore, que les achats d’appartements et de chalets sont une valeur refuge près des refuges. Entendez : de montagne. En effet, alors que les prix de vente d’appartements et de maisons accusent une baisse en plaine, dans les grandes villes cotées encore récemment, le mètre carré se négocie à la hausse dans les stations alpines, jusqu’à atteindre des montants vertigineux. Une situation bénéfique pour le secteur de l’aménagement de l’habitat.

Le fait qu’il existe des spécificités de l’habitat de montagne n’est pas nouveau. Ainsi, des salons grand public sont organisés dans les villes et stations des Alpes, des fabricants de mobilier conçoivent des collections spécifiques et des cabinets d’architecture d’intérieur dédient des services et des équipes à l’aménagement des chalets sous les sommets.

Une nouvelle spécificité vient de s’ajouter en ce début 2024, concernant cette fois le marché de l’immobilier.

En effet, alors que les prix baissent partout en France, (-5,4% sur un an au 1er décembre dernier à Paris, -5,5% à Bordeaux ou encore -7,1% à Lyon), l’immobilier dans les stations alpines fait notable exception. Car, non seulement on n’y constate pas d’érosion mais Cimalpes, réseau spécialisé dans l’immobilier haut de gamme dans les Alpes françaises, y enregistre des hausses entre 1 et 2%, relayées par Le Figaro. Dans un article paru avant-hier (source : ici), le grand quotidien précise que selon le site Meilleurs Agents, les prix ont même augmenté de 6% dans les Alpes du Sud, de 1,6% dans les Alpes du Nord et de 1,2% dans le Jura et les Pyrénées, sur les 12 derniers mois (de février 2023 à janvier 2024). Des chiffres contrastant avec l’ensemble du marché immobilier hexagonal, en recul de 1,8%, et dont la conjoncture actuelle est régulièrement qualifiée de difficile, pénible, préoccupante concernant les volumes des transaction, voire catastrophique concernant le marché de la construction de logements neufs.

Les chiffres indiqués par Meilleurs Agents atteignent de telles hauteurs en montagne qu’ils peuvent en donner le vertige : 15 268 euros le mètre carré à Val-d’Isère, en Savoie,  station de ski la plus chère et très convoitée par la clientèle internationale, devant – et c’est une surprise – la huppée Courchevel (12 812 €/m²) et Méribel (12.230 €/m²).

Jusqu’à 50 000 euros le mètre carré

Et encore, ces montants paraissent abordables, comparés à d’autres mentionnés par Olivier Roche, PDG des agences Sotheby’s International Realty à Megève, Courchevel et Méribel.  « Comptez minimum 20 000 euros du mètre carré pour de beaux biens sans défaut à Megève, 30 à 35 000 euros à Méribel et entre 40 et 50 000 euros à Courchevel. » Cette dernière station est le théâtre d’une tendance remarquable marquée par la préférence « pour les chalets rattachés à un hôtel 5 étoiles et tous les services qui vont avec. »

Berceau de l’alpinisme au pied du Mont-Blanc, Chamonix conserve une demande constante et régulière, en particulier pour les résidences secondaires. «La tendance actuelle est aux grands chalets avec un emplacement premium. Les prix ne baissent pas pour ces biens sans défaut et tendent même à monter sur les secteurs les plus recherchés », précise au Figaro Lionel Thomas, directeur des agences Chamonix et Chamonix Argentière Sotheby’s International Realty.

Quel secret protège l’immobilier des stations de la dégradation du secteur dans les autres régions ? Réponse de Benjamin Berger, directeur général et associé de Cimalpes : « La hausse des taux a impacté le marché de la montagne, mais sur le réseau de l'immobilier haut de gamme, cet impact est peu notable. On observe un recours au crédit certes mais un crédit de confort. Notre clientèle a un apport important. Sur ce marché de niche, plus de personnes achètent cash. ».

Ce caractère « niche » se traduit aussi par le fait que ce marché est composé de résidences secondaires à 59%, selon une étude de la Fnaim) et qu’il attire donc des acquéreurs souvent plus âgés et plus stables financièrement. «On a eu zéro dossier bloqué cette année pour des problèmes de financement», assure Romain Dadat, directeur des ventes Haute-Tarentaise (Tignes, Val d’Isère...) chez Cimalpes.

Si un marché de niche hivernal ne fait pas plus le dynamisme d’un secteur national qu’une hirondelle ne fait le printemps, il n’en reste pas moins profitable à toute la filière de l’aménagement de l’habitat, constituée de nombreuses entreprises de production (mobilier, agencement) et de services (architecture d’intérieur)  qui s’y consacrent dans les départements alpins.

J.A

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